Patrick S, le Liégeois qui a créé le tube “Bailando”, poursuivi devant le tribunal correctionnel pour organisation frauduleuse d’insolvabilité
L’homme est soupçonné d’avoir utilisé des manœuvres pour tarder volontairement à rembourser les 70 000 euros qu’un homme lui avait prêtés.
- Publié le 26-03-2024 à 19h30
- Mis à jour le 26-03-2024 à 19h49
Le ministère public a requis devant le tribunal correctionnel de Liège une peine de quatre mois de prison ferme et 4 000 € d’amende à l’encontre de Patrick S, un auteur, compositeur, producteur Liégeois qui a créé le groupe Paradisio et le tube mondialement connu, Bailando, écouté à plusieurs dizaines de millions de reprises dans le monde.
L'’intéressé est poursuivi pour avoir frauduleusement organisé son insolvabilité. Les faits ont été portés à la connaissance des autorités car Patrick S aurait utilisé des manœuvres pour retarder le remboursement d’une dette de 70 000 euros. En juillet 2019, un jugement a entériné les modalités de remboursement de ce prêt. Patrick S avait marqué son accord. Mais malheureusement, il n’a pas donné suite.
“Je ne suis pas un dealer Colombien !”
Lorsque l’huissier s’est présenté à son domicile pour saisir des objets, Patrick S aurait déclaré qu’une grande partie du mobilier était la propriété de ses sociétés. Le tribunal a notamment épinglé deux télévisions, une salle à manger complète ou encore un lave-vaisselle et un lit. Le prévenu a démenti avoir acheté des biens au nom de sa société pour en empêcher la saisie. “Lors de la venue de l’huissier, quatre policiers en arme l’accompagnaient”, s’est indigné Patrick S. “Je ne suis pas un dealer Colombien ! J’ai trouvé que la façon dont ils sont arrivés était cavalière.”
Il a estimé ne pas avoir tenté de dissimuler ses revenus et ses avoirs. “Je travaille de chez moi. Il est normal que des choses soient déduites de mon activité d’indépendant. La réalité, c’est que ce que j’ai acheté au nom des sociétés a même été amorti. Il y avait un ménage mobile utilisé par des artistes étrangers lorsqu’ils venaient enregistrer. Il s’agit d’un matériel de base. Cela peut sembler surprenant, mais il faut contextualiser les choses.”
“L’optimisation fiscale n’est pas une fraude.”
Le prévenu a également estimé qu’il avait divisé ses rémunérations de manière légale. “L’optimisation fiscale n’est pas une fraude. J’interprète de manière fiscale mes revenus selon mes droits et avec le cautionnement des comptables.”
“J’ai remboursé. Pas en temps et en heure, mais j’ai fait ce qu’il fallait”
Quant à sa dette de 70 000 euros, il a fini par l’acquitter. “J’ai remboursé. Pas en temps et en heure, mais j’ai fait ce qu’il fallait”, a-t-il estimé.
Me Englebert a plaidé pour la partie civile qui ne réclame qu’un euro à titre définitif. “On a l’habitude de lancer des fumigènes en spectacle, mais je vais ventiler”, a plaidé l’avocat. “Il nous a bien fait courir. Il avait décidé de rembourser quand il le voulait”, a poursuivi l’avocat en soulignant que le titre Bailando avait fait plus de 130 millions de stream sur Spotify. “Il a fini par payer la dette de 2019, mais après la plainte auprès d’un juge d’instruction.”
Pour la défense, son client n’a pas frauduleusement organisé son insolvabilité. “Les achats ont eu lieu bien avant le prêt. Le créancier a été intégralement remboursé. C’est un droit d’essayer de payer moins d’impôts. Il n’y avait pas de volonté de s’organiser pour ne pas payer.” L’avocat a plaidé l’acquittement ou une peine de travail pour son client qui n’a plus droit au sursis simple.